Les immigrés clandestins: entre une réalité tragique et des procédures déshumanisées
Tunis le 06 septembre 2014
Deuxième anniversaire de la tragédie de Lampione:
Les immigrés clandestins: entre une réalité tragique et des procédures déshumanisées
Le 06 septembre 2012, une tragédie est survenue au large de l’île italienne Lampione coûtant la vie à des dizaines de jeunes ayant fui le chômage et une situation sociale précaire.
Une commémoration qui vient aujourd’hui marquer la souffrance indélébile des familles face à la perte et à l’omerta des gouvernements qui se succèdent sans que cela n’apporte l’appui requis et le soutien convoité afin de connaitre le sort de leurs enfants.
L’anniversaire de la tragédie de Lampione ravive la mémoire collective quant à l’accord de partenariat entre la Tunisie et l’Union européenne sur la circulation qui écarte totalement la société civile en perpétuant l’image de la forteresse européenne aux frontières de laquelle des milliers d’âmes périssent. Un accord qui vient d’autant plus, proclamer les pays sud-méditerranéens, des gardes-frontières des pays du Nord.
Une commémoration de plus et les gouvernements actuels et déchus continuent à refouler les appels de la société civile et des familles des migrants pour la création d’une commission d’enquête mixte afin de connaitre la vérité sur le sort des disparus et apporter enfin des réponses concrètes.
Enfin, ce deuxième anniversaire advient dans un climat socio-politique propice aux nouveaux incidents, et cela malgré le renforcement des mesures de sécurité et de contrôle des immigrants clandestins. Ainsi, au-delà du recours à des dispositifs sophistiqués, le flux migratoire a continué de doubler de nombre en s’estimant depuis 2012 de 10 mille immigrés à 31 500 immigrés en 2013, ce qui est susceptible de surpasser la barre des 50 mille en 2014, comme le confirme le rapport publié par l’agence “Frontex” spécialisée dans le contrôle des frontières européennes.
Ces exodes ne sont pas l’œuvre privilégiée de la pauvreté et des conditions sociales difficiles dans le sud de la Méditerranée, mais reviennent aussi à la fragilité de la situation sécuritaire et aux guerres civiles qui ont prévalu dans de nombreux pays, comme la Syrie et la Libye …
Une nouvelle tragédie survient dès lors avec les dizaines de corps repêchés au port « ELKTEF », s’échouant au large de la côte de la ville de Ben Guerdane, et dont la majorité s’avère être de nationalité Syrienne, fuyant ainsi l’enfer de la guerre dans leur pays.
Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, s’étant toujours allié au combat des familles des disparus afin de connaître le sort de leurs enfants et plaidant le respect du droit à la liberté de circulation réitère son appel à :
•Intensifier les opérations de sauvetage en mer afin d’aider les milliers d’immigrants, se pliant ainsi à la nécessité inaliénable de porter secours aux personnes en danger impose par le droit international humanitaire.
• La création d’un commission d’enquête mixte œuvrant dans le cadre des disparitions des migrants, incluant non seulement des représentants du gouvernement Tunisien et Italien, mais aussi des représentants des familles des disparus et de la société civile.
• L’annulation de l’accord entre la Tunisie et l’Union européenne sur la circulation et la mise en place d’un partenariat efficace qui respecte la souveraineté des deux pays ainsi que les conventions internationales sur la migration, la liberté de circulation et le droit d’asile.
Le président du FTDES
Adelrrahmen Hedhili
Rapport d’activités 2013
Rapport d’activités
septembre 2012 – décembre 2013
les inscriptions sur les listes électorales des Tunisiens à l’étranger
Communiqué de la Plateforme au sujet des inscriptions sur les listes électorales des Tunisiens à l’étranger
Paris, le 12 juillet 2014
Deux semaines après le démarrage des inscriptions sur les listes électorales et malgré une légère progression ces derniers jours, les membres de la Plateforme des Droits civiques des tunisiens à l’étranger constatent les faibles résultats de cette phase d’inscription. Ils déplorent aussi l’absence de mesures convaincantes et efficaces pour remédier à cette situation inquiétante pour la suite du processus électoral et la transition démocratique en Tunisie.
Cette situation est due en partie à la démobilisation et au peu d’intérêt de beaucoup de nos concitoyens à l’action politique et aux enjeux électoraux. Elle est aussi le résultat du retard de l’ISIE dans le lancement de cette opération, du déficit de communication et de l’absence de visibilité et d’initiatives de la part des IRIES à l’étranger.
Elle résulte également des tâtonnements, de l’absence de prise en compte de l’expérience et des leçons de 2011, de la diffusion d’informations incomplètes ou tardives et de la multiplication des anomalies et dysfonctionnements des connexions informatiques de l’inscription en ligne des Tunisiens à l’étranger.
Les Tunisiens s’interrogent sur la neutralité des autorités consulaires, sur l’indépendance des IRIES par rapport à ces structures et sur le retard pris pour mettre fin aux nominations partisanes dans plusieurs consulats et ambassades, en particulier à Paris.
Les membres de la Plateforme sont convaincus qu’une augmentation significative des inscriptions et de la participation citoyenne dans le processus électoral passent par :
– Une prolongation de la période des inscriptions : le Président de l’ISIE a fini par admettre, ce jeudi 10 juillet 2014, que cette possibilité n’est pas illégale (Cf. Assabah News du 10/07/2014).
– Une décision politique rapide sur les nominations contestées afin de permettre le retour à un climat apaisé entre citoyens, société civile et représentations consulaires et diplomatiques.
– Une plus forte implication des IRIES à travers l’extension des plages d’ouverture dans les consulats, des opérations mobiles d’information et d’inscription dans les villes à forte implantation de Tunisiens et surtout dans les aéroports et ports pendant cette période de vacances.
– L’autorisation accordée aux Tunisiens à l’étranger, se trouvant actuellement en Tunisie, de pouvoir vérifier ou s’inscrire dans tous les lieux en charge de l’opération (IRIES régionales, bureaux fixes ou itinérants etc.).
– Le lancement de campagnes de sensibilisation et d’information destinées aux Tunisiens à l’étranger, particulièrement pendant cette période d’inscription, y compris dans les médias communautaires à l’étranger et la télévision tunisienne.
– Un vrai partenariat et un appui logistique aux associations volontaires pour assurer des permanences qui permettent au plus grand nombre de citoyens tunisiens à l’étranger de s’informer, de vérifier leurs inscriptions ou de s’inscrire.
– L’octroi rapide de passeports et de cartes d’identité nationales notamment aux Jeunes tunisiens à l’étranger peu sensibilisés à l’intérêt de participer au processus électoral tunisien.
*
Communiqué de la Plateforme au sujet des inscriptions sur les listes électorales des Tunisiens à l’étranger
Paris, le 12 juillet 2014
Deux semaines après le démarrage des inscriptions sur les listes électorales et malgré une légère progression ces derniers jours, les membres de la Plateforme des Droits civiques des tunisiens à l’étranger constatent les faibles résultats de cette phase d’inscription. Ils déplorent aussi l’absence de mesures convaincantes et efficaces pour remédier à cette situation inquiétante pour la suite du processus électoral et la transition démocratique en Tunisie.
Cette situation est due en partie à la démobilisation et au peu d’intérêt de beaucoup de nos concitoyens à l’action politique et aux enjeux électoraux. Elle est aussi le résultat du retard de l’ISIE dans le lancement de cette opération, du déficit de communication et de l’absence de visibilité et d’initiatives de la part des IRIES à l’étranger.
Elle résulte également des tâtonnements, de l’absence de prise en compte de l’expérience et des leçons de 2011, de la diffusion d’informations incomplètes ou tardives et de la multiplication des anomalies et dysfonctionnements des connexions informatiques de l’inscription en ligne des Tunisiens à l’étranger.
Les Tunisiens s’interrogent sur la neutralité des autorités consulaires, sur l’indépendance des IRIES par rapport à ces structures et sur le retard pris pour mettre fin aux nominations partisanes dans plusieurs consulats et ambassades, en particulier à Paris.
Les membres de la Plateforme sont convaincus qu’une augmentation significative des inscriptions et de la participation citoyenne dans le processus électoral passent par :
– Une prolongation de la période des inscriptions : le Président de l’ISIE a fini par admettre, ce jeudi 10 juillet 2014, que cette possibilité n’est pas illégale (Cf. Assabah News du 10/07/2014).
– Une décision politique rapide sur les nominations contestées afin de permettre le retour à un climat apaisé entre citoyens, société civile et représentations consulaires et diplomatiques.
– Une plus forte implication des IRIES à travers l’extension des plages d’ouverture dans les consulats, des opérations mobiles d’information et d’inscription dans les villes à forte implantation de Tunisiens et surtout dans les aéroports et ports pendant cette période de vacances.
– L’autorisation accordée aux Tunisiens à l’étranger, se trouvant actuellement en Tunisie, de pouvoir vérifier ou s’inscrire dans tous les lieux en charge de l’opération (IRIES régionales, bureaux fixes ou itinérants etc.).
– Le lancement de campagnes de sensibilisation et d’information destinées aux Tunisiens à l’étranger, particulièrement pendant cette période d’inscription, y compris dans les médias communautaires à l’étranger et la télévision tunisienne.
– Un vrai partenariat et un appui logistique aux associations volontaires pour assurer des permanences qui permettent au plus grand nombre de citoyens tunisiens à l’étranger de s’informer, de vérifier leurs inscriptions ou de s’inscrire.
– L’octroi rapide de passeports et de cartes d’identité nationales notamment aux Jeunes tunisiens à l’étranger peu sensibilisés à l’intérêt de participer au processus électoral tunisien.
*LA PLATEFORME DES DROITS CIVIQUES DES TUNISIENS A L’ETRANGER a été initiée à l’issue de la réunion du 7 février 2014 appelée par le CTDL. Elle réunit aujourd’hui un collectif d’associations, de militants et de citoyens tunisiens vivant à l’étranger. Sa mission est de veiller au respect du code électoral, de s’assurer du bon déroulement du scrutin, de défendre nos compatriotes à l’étranger pour bénéficier des mêmes traitements qu’en Tunisie, de les informer et de les former aux différentes phases et actions électorales.
من أجل احترام الحق النقابي : CRLDH Tunisie
من أجل احترام الحق النقابي
CRLDH Tunisie: Pour le respect du droit syndical
Pour le respect du droit syndical
Les deux ouvrières de la société Sea Latelec -Fouchana-Tunisie- filiale de Latécoère spécialisée dans les équipenments aéronautiques, Sania Jbali et Houda Thalgi poursuivent leurs grève de la faim, entamé depuis le 19 juin 2014, pour protester contre leur licenciement abusif, contre le refus du dialogue opposé par la direction de l’entreprise et contre le climat social qui y règne,
Licenciées depuis plus d’un ans, avec 6 autres salariés en raison de leurs activités syndicales et pour avoir protester contre les conditions de travail, les salaires dérisoires et contre la fragilisation des salariés dans l’entreprise, Sania Jbali et Houda Thalgi n’ont pas été réintégrées comme les 6 autres salarié(e)s. En effet, sous la pression, grâce à la mobilisation et après de longues et difficiles négociations, l’entreprise a accepté de régulariser la situation des 6 salarié(e)s, mais s’entête, toujours, à réintégrer Sania et Houda en raison de leurs responsabilités et activités syndicales.
Face à l’obstination de l’entreprise de ne pas se soumettre à la loi et à ne pas reconnaitre le droit syndical, Sania et Houda maintiennent la revendication de leur réintégration dans leur travail rappelant que leur unique «tort» est d’avoir exercé leur droit syndical que garantit la loi.
Le Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunsie- CDLTH :
– Dénonce les pratiques illégales maintes fois exercées par Sea Latelec sur ses salariés, son entêtement ainsi que son mépris du droit syndical. Le CRLDHT met l’entreprise devant ses responsabilités quant aux risques sur la santé deux grévistes de la faim.
– Appelle vigoureusement Latécoère, maison mère de Sea Latelec à intervenir urgemment pour résoudre le problème posé et la tient également responsable des conséquences des agissements de Sea Latelec en Tunsie.
– Exprime sa totale solidarité avec les deux salariées, Sania Jbali et Houda Thalgi et demande leur retour à leur emploi sans entrave ni condition,
– Rappelle qu’en Tunisie le droit syndical est garanti par la Constitution tout comme par les conventions internationales qui protègent aussi les responsables syndicaux.
Migrants de Choucha
Dans le cadre d’un programme de recherche inter-universitaire portant sur les nouvelles migrations en Tunisie, nous nous sommes rendus les 16 et 17 mai 2014 sur les vestiges du camp de Choucha, dans le sud tunisien, tout proche de la frontière libyenne. Là se maintiennent des personnes pour lesquelles ni les organisations internationales ni la société tunisienne n’ont réussi à offrir de perspectives.
Arrivés au camp démantelé entre chien et loup, après avoir passé les barrages de sécurité frontalière, nous retrouvons les laissés pour compte des renversements du régime libyen, de la fracture Nord/Sud ou pays riches/pays pauvres, de la mondialisation du marché du travail, des rouages des organismes internationaux ou nationaux. La présence encore aujourd’hui de ces quelques centaines de personnes :
hommes, femmes et enfants démontre combien ces organismes, bien que pourvus de pouvoir et de moyens, peuvent être dans l’incapacité de résoudre complètement des questions humanitaires en laissant derrière eux des personnes livrées à elles-mêmes.
Pour mémoire, ce camp, dressé d’abord par l’armée tunisienne puis par le Haut Commissariat aux Réfugiés de l’ONU (HCR), a accueilli en 2011 plusieurs centaines de milliers de travailleurs migrants fuyant la guerre en Libye. La très grande majorité de ces exilés a été rapatriée dans les jours ou les semaines qui ont suivis son arrivée, notamment grâce au concours de l’Organisation Internationale des Migrations (OIM) qui a affrété des avions ou des véhicules terrestres vers les pays d’origine de ces personnes.
Une faible proportion de ces déplacés, quelques milliers, n’ont pas souhaité ou n’ont pas pu retourner dans leur pays où des conditions d’existence décentes ne leur étaient pas assurées du fait de conflits armés, de leur appartenance à un groupe discriminé, de situations économiques déplorables, ou encore d’engagements militants. Tous ceux arrivés en 2011 ont alors eu la possibilité de déposer une demande d’asile auprès des Nations Unies. Après étude des dossiers, le HCR a octroyé le statut de réfugié à une majorité d’entre eux et s’est occupé de la réinstallation d’un certain nombre de réfugiés dans des pays tiers (la Suède, l’Allemagne, les Etats-Unis et le Canada notamment). Au terme de ce programme de réinstallation, le HCR a décidé de fermer le camp de Choucha en juin 2013.
Pourtant, ce camp n’était pas vide lorsque la décision a été prise et, bien qu’abandonné, il est toujours occupé par deux principales catégories de réfugiés, tous privés des services de base tels que l’eau, l’électricité, les sanitaires, l’éducation et la santé. Il s’agit d’abord des demandeurs d’asile auxquels le HCR a refusé le statut de réfugié, les considérant dès lors comme ne relevant plus de sa compétence. Cet organisme a recensé 222 demandeurs d’asile déboutés qui se sont maintenus dans le camp malgré ce rejet. La deuxième catégorie est formée par les réfugiés auxquels le HCR a accordé sa protection sans les réinstaller dans un pays tiers. Refusant la proposition d’être «intégrés » dans l’une des villes du sud tunisien où ils seraient confrontés aux difficultés économiques qui affectent cette région et, pour les sub-sahariens, à diverses formes de racisme, ils ont opté pour rester à Choucha, rêvant à une hypothétique réinstallation future. Dans la pratique, les sujets de ces deux catégories administratives se confondent puisque ni les uns ni les autres n’ont de permis de travail en Tunisie, pas plus qu’un droit au logement (pour une location, il faut un titre de séjour) ou un accompagnement social, bases d’une possible insertion locale.
Faute de ressources et de moyens alternatifs, quelques deux à trois cents personnes sont ainsi restées sur les lieux de l’ancien camp, dans une attente sans but. Elles ont récupéré des restes de tentes et de couvertures pour se confectionner de modestes habitations qui les protègent difficilement du soleil et des fréquentes tempêtes de sable. Elles ne peuvent plus utiliser les toilettes et les douches, détruites au moment du démantèlement du camp, tout comme l’adduction d’eau. Même l’ancien terrain de foot est délaissé car « ici tu ne dois pas te faire mal. Si tu te casses la cheville, qu’est-ce que tu vas devenir dans un coin comme ça, dans le désert ? » (source : entretien avec un réfugié).
On rencontre là des personnes de diverses nationalités : Soudanais (souvent du Darfour), Camerounais, Tchadiens, Palestiniens, etc. Beaucoup d’hommes seuls mais également quelques familles avec des enfants en bas âge, certains nés dans le camp. Plusieurs personnes sont malades et laissées sans soins puisqu’ici aucune ONG ni aucun service social ne passe. La principale aide est fournie par les Libyens qui empruntent la route de la frontière et distribuent, au passage, quelques bouteilles d’eau et des vivres à ces mendiants du bord de la chaussée.
Bloqués entre le désert derrière eux et la mer pour seul horizon, ils luttent pour leur reconnaissance. Des slogans, affiches et banderoles, le long de la route lancent des appels au secours.
Le gouvernement de transition tunisien découvre, comme l’ont fait les pays du sud de l’Europe plusieurs décennies avant lui, les questions que pose l’immigration à un Etat démocratique. Pour l’instant, il n’existe pas de législation sur l’asile, ni de loi qui permette aux migrants de bénéficier des droits fondamentaux dans ce pays. La protection du HCR dont peuvent se prévaloir certains ne prévient que l’expulsion, sans soutien à l’installation.
Quelles perspectives alors pour les oubliés d’une vague migratoire dans laquelle l’Europe a joué sa part ? Loin du regard des institutions internationales qui considèrent avoir fait leur travail, on apprend à intervalles réguliers qu’une personne a tenté de « prendre la mer » -expression pudique pour signifier qu’elle a pris la décision d’embarquer, en contractant des dettes de plusieurs années auprès de ses proches, sur une embarcation de fortune vers les côtes italiennes. On espère seulement que la Méditerranée ne l’ait pas engloutie, comme tant d’autres.
Source : http://blogs.mediapart.fr/blog/swpotot/270614/migrants-de-choucha-tunisie-pris-en-etau-entre-desert-et-grande-bleue-temoignage