En solidarité avec le mouvement social français contre la nouvelle loi de la retraite

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Tunis, 27 mars 2023
En solidarité avec le mouvement social français contre la nouvelle loi de la retraite
Depuis quelques semaines, la France connaît une montée continue et de grande envergure des mouvements syndicaux et sociaux s’opposant au nouveau projet de loi relative à la réforme du système de retraite et le décalage de l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Les protestations continuent dans la capitale française Paris et bien d’autres villes pour contester l’insistance du président Emmanuel Macron à faire passer ladite loi ainsi que l’imposition d’un calendrier serré pour la discuter tout en ignorant les demandes des syndicats et de l’opposition politique.
Le recours à la modalité constitutionnelle 49/3 permettant l’adoption de la loi sans vote n’a fait que provoquer davantage la colère populaire et l’élargissement de l’opposition politique voyant des jeunes se joindre aux mouvements ainsi que l’expansion des confrontations entre protestataires et forces de l’ordre.
Ce mouvement social de large envergure, né au lendemain de la pandémie du Covid et à la lumière d’une inflation du coût de vie causée par la guerre entre l’Ukraine et la Russie, représente un tourant historique que la France n’a pas connu depuis des décennies. Il reflète l’attachement des Français et des Françaises à leurs acquis en matière de protection sociale comme l’un des piliers du modèle social Français et leur acharnement à défendre le rôle social de l’Etat ici menacé.
Le mouvement des gilets jaunes fut un changement qualitatif sans précédent dans l’histoire des protestations et des mouvements, sa mobilisation et lancement ayant été effectués à travers les réseaux sociaux sans tutelle de nulle partie partisane ou syndicale. Adoptant le gilet jaune comme symbole, ce mouvement est venu à la suite de la décision gouvernementale concernant la taxation du carburant pour ensuite se transformer à un moyen d’expression d’inquiétudes sociales plus larges tel que la détérioration des salaires et la profondeur des vulnérabilités sociales mais aussi les souffrances des classes moyennes, des jeunes, des familles et des femmes à revenus limités.
L’affirmation du front syndical uni que la mobilisation et l’organisation des grèves continueront dans le but d’imposer l’avortement de la loi, et la transformation de la crise actuelle en une crise politique aigue confirment que les mouvements syndicaux et sociaux français expérimentent une mutation qualitative et un tournant décisif qui dépassent le problème premier du système de retraite. De même, l’union des forces de gauche et leur inscription dans les luttes politiques et de terrain renforce les opportunités de la lutte contre la droite française libérale et conservatrice et représente une lueur d’espoir pour les forces progressistes européennes et mondiales.
Durant les quelques dernières années de l’ère Macron réputé être le président des riches, la France a connu une grande augmentation de la moyenne de vulnérabilité et des nombres des sans-abris. Des milliers de personnes souffrent sous le poids de la pauvreté, avec les migrant.es à la tête de la liste ainsi que les habitant.es des périphéries urbaines des grandes villes. La France vit une situation sociale particulière sous la menace d’un élan d’extrême droite porteur de xénophobie et d’un discours haineux envers les migrant.es aggravant la discrimination sociale à l’égard des minorités et compromettant les valeurs démocratiques et humaines de l’héritage révolutionnaire français.
Le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux (FTDES), qui entreprend des relations de solidarité avec plusieurs syndicats et associations françaises et des espaces de luttes communes pour la liberté, la démocratie, la justice sociale, et la défense des doits des migrant.es dans le cadre d’un mouvement altermondialiste refusant les politiques néolibérales, exprime sa solidarité avec le mouvement social français dans sa lutte courageuse.
Le FTDES, voyant dans les mouvements sociaux et protestataires que connaissent les pays du Nord comme celle du Sud depuis des décennies les marques d’un éveil et d’une résistance civique, considère la solidarité mondiale entre les peuples une condition pour l’avancée des résistances et le changement des dynamiques de force dans leurs luttes contre la dictature de la loi du marché et l’hégémonie de la logique du profit et l’attaque systémique des droits économiques et sociaux.
Le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux
Abderrahmane Hedhili, Président