Environnement et changements climatiques : Alternatives citoyennes

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Environnement et changements climatiques : Alternatives citoyennes

Depuis 2011, les problèmes d’environnement de la Tunisie ne cessent de s’amplifier sans que des solutions ne soient mises en place, et la situation semble s’aggraver encore plus. Des voix ne cessent de s’élever pour décrire des situations déplorables qui portent atteinte au cadre de vie de nos concitoyens et le défigurent en continu.

Les dommages portés à l’état de notre environnement ont plusieurs facettes, notamment :
• la mauvaise gestion des déchets, aussi bien en milieu urbain que rural, malgré les efforts consentis. Les solutions adoptées à ce jour (décharges contrôlées) ne constituent malheureusement pas des choix durables,
• les agressions continues au milieu naturel (braconnage, destruction du couvert végétal, accroissement des superficies incendiées annuellement, défiguration des steppes qui tendent à se désertifier…). A ce jour, certains de ces problèmes ne sont pas considérés comme tels et aucune solution n’est proposée,
• l’amplification de la pollution notamment industrielle (industries polluantes, affectation de la qualité de l’air et de l’eau dans de nombreux sites…). Les procédés de réduction de la pollution ne sont pas aux normes internationales, et de nombreux opérateurs publics ou privés ne fournissent pas d’efforts pour endiguer ces phénomènes,
• les polémiques autour de l’extraction du gaz de schiste, une industrie connue pour ses effets dévastateurs et son manque d’employabilité reviennent chaque fois où les énergies fossiles sont évoquées. L’opacité concernant l’extraction des hydrocarbures conventionnels caractérise cette branche de notre économie, et les campagnes lancées pour l’appropriation de ces richesses et revendiquant la transparence en sont les témoins. Le statuquo persiste. Les campagnes pour le développement des énergies alternatives, durables et propres sont encore très timides,
• le recours de plus en plus généralisé aux pesticides et intrants en agriculture caractérisent la tendance du développement agricole en Tunisie. Cette agriculture, grande consommatrice d’eau, fragilise notre système de production et a des conséquences graves pour notre avenir (perte progressive des semences locales, par le recours à des semences importées, production pour les industries et le marché extérieur au détriment de notre sécurité alimentaire, accroissement des empoisonnements par les produits chimiques et de la prévalence des cancers en milieu rural…). Il en résulte aussi une pollution du sol et des eaux de surface (que dire des nappes sous-terraines ?) par les intrants et les pesticides,
• la pollution des cours d’eau et des retenues (barrages) par les rejets liquides d’origine urbaine, notamment dans des zones où des stations d’épuration des eaux usées manquent. Même si ces dernières existent, les eaux qu’elles rejettent sont polluantes, vu les techniques adoptées dans l’épuration des eaux usées. Il est largement temps pour que de nouvelles techniques soient adoptées pour améliorer la qualité des eaux usées traitées,
• l’extension des espèces invasives pour lesquelles la Tunisie ne dispose pas de programme approprié de lutte (morelle jaune en Tunisie centrale, crabe bleu dans le golfe de Gabès). De même l’état des populations de la caulerpe (Caulerpa taxifolia), signalée dans la région de Sousse n’est pas connu, et le risque de son extension est fortement probable,
• certains problèmes, encore inédits, risquent d’avoir de graves conséquences sur la santé du bétail et des humains, à savoir l’alimentation du bétail par les résidus industriels agro-alimentaires (industries de transformation des tomates),
• la dégradation continue du cadre de vie en milieu et le manque, voire l’absence d’espaces verts et de jardins publics. Même si des espaces sont disponibles, ils sont occupés par des particuliers ou utilisés comme des décharges par les riverains, l’occupation des trottoirs par les particuliers, l’extension urbaine non contrôlée et n’obéissant à aucune norme,
• la difficulté d’émergence des métiers de l’environnement, pourtant capables d’absorber une part conséquente des chômeurs (écotourisme, agriculture biologique, permaculture…),
• l’absence de normes et de législation en matière d’environnement (nuisances auditives, qualité de l’air et la faiblesse des structures de contrôle des contraventions (relevant de différents ministères),
• la faiblesse de protection du patrimoine culturel et des sites archéologiques dont certains sont vandalisés en toute impunité,
• la répétition des catastrophes naturelles dans de nombreuses régions (sécheresse, inondations…), faits probablement liés aux changements climatiques en cours…

Nombreux mouvements citoyens ont eu lieu au cours des années précédentes, réclamant une meilleure qualité de la gestion de notre environnement. Les réponses officielles sont mitigées, et l’on est en mesure de dire que ces mesures sont en-deçà des attentes de nos concitoyens.

Dans le cadre de la préparation de la COP21 (21ème Conférence des Parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques), qui se tiendra à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015, le FTDES organise un séminaire national sur le thème « Environnement et changements climatiques : Alternatives citoyennes ». Ce séminaire constitue un des événements marquants des Journées de l’Environnement, tenues à Ksibet El Medyouni par la section de Monastir du FTDES. Ces journées ont lieu dans des écoles primaires entre le 4 et le 6 novembre et comprennent :

– une exposition photo sur la pollution dans la baie de Monastir,
– l’animation de trois écoles primaires, en vue de prendre conscience par les écoliers des problèmes d’environnement et des solutions appropriées.

Le séminaire sera une occasion renouvelée pour les Organisations de la Société Civile tunisienne de faire un diagnostic de l’état de l’environnement en Tunisie dans un contexte de réchauffement climatique et proposer des alternatives pour que cessent ces dégradations.
Il rassemblera des militants associatifs, des experts et des scientifiques tunisiens et étrangers et sera un cadre de débats et d’échanges d’expériences en vue de proposer des alternatives aux dégradations alarmantes constatées de notre environnement urbain et naturel.
L’appropriation de la Société Civile des problèmes liés à notre environnement et la proposition d’alternatives citoyennes est une des clés de l’émergence d’une Tunisie plus juste où la dignité de chacun de ses citoyens est tenue en respect. C’est aussi une contribution pour l’émergence d’alternatives au modèle de développement en vigueur et qui a été à l’origine des multiples problèmes ciblés.