Violations des droits économiques et sociaux des femmes travailleuses du secteur du textile
Etude de cas : la région de Monastir
La suppression en 1995 des quotas mentionnés par les accords multifibres1 et la cessation totale de leur application à partir de 2005 fut à l’origine de nombreuses répercussions sur le secteur du textile. La baisse de récurrence quantitative des importations accompagnée par la concurrence des pays rivaux et des grandes sociétés et distributeurs européens qui imposent leurs conditions draconiennes ainsi que leurs nouvelles orientations vers les marchés asiatiques – aux marges de gain plus affriolantes, générées par une main d’oeuvre, bon marché et une pluralité de produits – sont à l’origine d’une perte considérable de part de marché pour les entreprises tunisiennes, moins compétitives, au sein du commerce international.
Le présent rapport entend dès lors souligner les principales conséquences de la suspension des quotas pour le secteur du textile tunisien en termes d’atteintes aux droits économiques et sociaux selon une approche genre. Il s’agira dès lors de présenter la nouvelle configuration et les grandes mutations du secteur du textile depuis 2005 dans le gouvernorat de Monastir ainsi que leurs répercussions sur les conditions de vie et de travail des ouvrières du secteur.
Pour ce faire, des données de terrain ont été récoltées par la section de Monastir – Ksibet El Mediouni du Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux (FTDES). Ces dernières ont été complétées par des statistiques issues des bases de données de l’Agence de Promotion de l’Industrie ainsi que l’Inspection du travail et de conciliation de la région de Monastir. L’enquête enveloppe ainsi un échantillon de 28 entreprises industrielles spécialisées dans le domaine de la confection destinée à l’export, réparties géographiquement sur le gouvernorat de Monastir ainsi que 260 témoignages d’ouvrières du secteur du textile, et notamment de la confection. Afin d’assurer une couverture maximale du gouvernorat dans son ensemble, toutes les délégations où la densité ouvrière est la plus notoire ont été analysées. Les entretiens semi-directifs effectués pendant le temps de déjeuner des ouvrières ont quant à eux porté sur deux axes principaux traitant des conditions et des relations de travail ainsi que des conditions plus générales de vie des ouvrières.