Déclaration à l’occasion de la Journée Mondiale de la Santé

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Collectif de la société civile pour la défense du secteur public de la santé

Tunis le 7 avril 2018

Déclaration à l’occasion de la Journée Mondiale de la Santé

Le Monde célèbre le 7 avril 2018 la Journée Mondiale de la Santé qui a pour thème cette année la Couverture Santé Universelle qui « consiste à veiller à ce que chaque personne bénéficie de services de santé de qualité, où et quand elle en a besoin, sans subir de difficultés financières ». L’Organisation Mondiale de la Santé, à cette occasion, lance un appel aux dirigeants mondiaux pour qu’ils prennent des mesures concrètes pour améliorer la santé de tous.

Les associations et organisations regroupées dans le collectif de la société civile pour la défense du secteur public de la santé rappellent :

• Que le secteur public de la santé, qui constitue le recours essentiel pour la majorité de la population, traverse une crise grave, caractérisée par la détérioration de ses services, la réduction de ses ressources et de ses capacités, ainsi que la persistance des mauvaises conditions de vie qui déterminent la santé, ce qui a entraîné l’aggravation des difficultés quotidiennes des patients et l’augmentation des inégalités sociales et régionales de santé.

• Que plus de deux millions de personnes dont 166900 personnes âgées de plus de 60 ans ne bénéficient d’aucune couverture sociale de santé, selon les résultats du Recensement général de la population de 2014.

• Que cette situation pousse les familles et les personnes à supporter de lourdes dépenses pour acheter les médicaments qui manquent dans les centres de santé de base et les hôpitaux ou pour recourir à des services dans le secteur privé. Il en résulte un niveau élevé de la part des dépenses directes des ménages dans les dépenses totales de santé estimé à 37,5%, alors que l’OMS considère qu’il ne faut pas dépasser le seuil de 20% pour ne pas exposer la population aux « dépenses catastrophiques de santé » et à l’appauvrissement qui peut en découler. Le manque de moyens financiers pousse également et de plus en plus à la renonciation ou au retard aux soins, au recours à l’automédication, ainsi qu’au recours au charlatans, avec les conséquences négatives sur la santé qui en résultent.

• Rappellent l’appel pour sauver le secteur public de la santé qu’elles ont lancé au mois de mai 2017 et les mesures urgentes recommandées par le séminaire qu’elles organisé au mois de novembre 2017 et constatent l’absence toute mesure gouvernementale concrète en faveur du secteur. La situation s’est même détériorée, au cours des derniers mois au point de menacer la sécurité sanitaire, en raison du non-paiement des créances dûes à la Pharmacie centrale et aux hôpitaux universitaires et régionaux, en raison de la réduction de la part du budget du Ministère de la santé dans le Budget général de l’État (qui est passée de 6% en 2016 à 5,4% en 2017 et à 5,2% en 2018) et en raison de la baisse de 6% entre 2017 et 2018 des ressources affectées au fonctionnement des groupements de santé de base et des hôpitaux de circonscription (consacrées essentiellement aux médicaments et aux nécessités des services de santé).

Les associations et organisations regroupées dans le collectif de la société civile pour la défense du secteur public de la santé

• Considèrent que la poursuite et l’aggravation de la crise du secteur public de la santé, en l’absence de mesures urgentes et d’un plan de réforme clair, va multiplier les conséquences négatives sur la santé d’une grande partie de la population, ainsi que sur la situation financière et sociale d’un plus grand nombre de citoyens.

• Insistent de nouveau sur la nécessité de sauvegarder le secteur public de la santé qui représente un acquis social et historique de la Tunisie indépendante, et sur la nécessité de le réformer et de le développer pour atteindre l’objectif de la couverture santé universelle, pour concrétiser le droit constitutionnel à la santé et pour contribuer à la réalisation de la justice sociale qui a été l’objectif pour lequel la révolution a eu lieu.

• Considèrent que notre pays est capable de réaliser la couverture santé universelle s’il y a une véritable volonté politique pour le faire et appellent la Présidence de la République, le Gouvernement et l’Assemblée des Représentants du Peuple, à prendre les initiatives et les mesures nécessaires pour mettre au point, de manière participative avec toutes les composantes de la société civile, un programme urgent pour sauver le secteur public de la santé. Ce programme à mettre en œuvre au cours des prochains mois et doit comprendre des mesures législatives, financières et organisationnelles précises, ainsi que des mécanismes de suivi précis et transparents.

Premières organisations signataires :

•  Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l’Homme

•  Forum Tunisien des Droits Économiques et Sociaux

•  Réseau Euro-Méditerranéen des Droits de l’Homme

•  Médecins du Monde-Belgique. Mission Tunisie

•  Association Tunisienne des Femmes Démocrates

•  Association des Femmes Tunisiennes pour la Recherche et le Développement (AFTURD)

•  L’Association Tunisienne de Défense des Droits de l’Enfant

•  Fédération Générale de la Santé (UGTT)

•  Syndicat National ds Médecins et Pharmaciens Hospitalo-Universitaires (UGTT)

•  Syndicat National des Médecins et Pharmaciens de la Santé Publique (UGTT)

•  Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR)

•  Vingt millions de consommateurs

•  Ligue des Électrices Tunisiennes LET

•  Association Vigilance pour la démocratie et l’État civil

•  Association Tunisienne des Infirmiers

•  Psychologues du Monde-Tunisie

•  Association Tunisienne de Santé Reproductive

•  Groupe Tawhida Ben Cheikh