Les jeunes médecins en Tunisie : entre le marteau de l’aliénation économique et sociale, et l’enclume de l’aliénation de l’immigration

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Les jeunes médecins en Tunisie : entre le marteau de l’aliénation économique et sociale, et l’enclume de l’aliénation de l’immigration

L’émigration touche les médecins tunisiens notamment les jeunes, surtout dans le contexte de l’après-révolution. Les diplômés, les docteurs ou les étudiants dans les différents niveaux, les médecins de famille ou les spécialistes quittent le pays soit pour poursuivre leurs études, soit pour travailler et s’installer à l’étranger, et plus précisément en Europe.
Les statistiques et les données disponibles fondées sur des études scientifiques ou officielles démontrent que les intentions d’émigration dépassent en moyenne 70% chez les médecins de famille et les médecins anesthésistes comme cela apparait dans des thèses de doctorat en médecine soutenues et publiées récemment. Malgré la rareté des données officielles, des pourcentages importants concernent également ceux qui ont émigré à titre individuel et non de manière institutionnelle.
Les jeunes médecins se retrouvent au-devant d’une scène kafkaïenne produite par une réalité « Don-quichottesque » où ils se battent et se débattent contre un système complexe et de domination qui les exploite. Cette vision de l’émigration des compétences médicales pour diverses raisons et de différentes façons, avant, pendant et après la pandémie, nous rappelle les scènes des migrations massives ou celles des groupes de diasporas à travers l’histoire.
En Tunisie, l’émigration, plus connue dans le dialecte populaire sous le vocable de la « Hajja »87 (il s’agit, selon le dictionnaire complet des significations, d’un mot de l’arabe classique : un homme « hajj » (part) signifie qu’il fuit très loin pour éviter l’injustice), est un phénomène ancien dans l’histoire de l’humanité en
87 « Hajja » dans le dialecte tunisien signifie une sorte de départ forcé
POLITIQUE PUBLIQUES ET DROIT A LA SANTE
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général et dans l’histoire de la Tunisie en particulier, ancré dans le temps, renouvelé et durable dans le présent et dans le futur.
Pour analyser et aborder cette problématique, nous proposons, dans un premier temps, deux niveaux le premier méthodologique et le deuxième statistique ; et dans un deuxième temps, nous allons l’aborder et la disséquer sociologiquement.