OST: Rapport Mars 2018 des mouvements sociaux

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Rapport de l’Observatoire Social Tunisien

Mars 2018

Ce mois de fait état d’une très grande inquiétude relative à la vulnérabilité de la situation économique du pays. Les différentes opinions et positions aussi bien au sein de l’A.R.P., dans les réseaux sociaux que dans les médias, avaient pour préoccupations: la dépréciation de la monnaie nationale, l’inflation des prix à la consommation et ses mécanismes de dépassement, l’aversion des investisseurs privés, les recommandations et pressions des organismes internationaux pour sortir de crise par le blocage des négociations salariales ou l’augmentation des impôts ainsi que d’autres importants sujets préoccupant l’opinion publique durant ce mois de Mars.

Les conditions sociales, les répercussions des manifestations du début de l’année administrative en cours et le manque de perspectives ou de solutions possibles et réalisables quant à l’application des projets, ont été les autres sujets de préoccupations fondamentales d’autant plus que les conditions économiques régionales ne connaissent pas de développement rapide et les mesures mises en place à cet égard relèvent toujours de solutions situationnelles.

Par ailleurs, les conflits entre les différentes composantes politiques de la société, en particulier les discussions de l’Assemblée Représentative du Peuple retransmises en direct sur l’une des chaînes de télévision nationales soulèvent de nombreuses questions et interrogations au sujet de ce qui se passe réellement sous le dôme du Conseil. Des accusations ici et là ont donné l’impression que la situation s’apparentait en fait à un règlement de comptes personnels d’un niveau assez bas et allant jusqu’aux insultes et diffamations, alors que les citoyens attendent des solutions concrètes et radicales pour de nombreuses questions sensibles et liées telles que principalement : le niveau de vie, l’emploi, la révision critique du modèle de développement et les conditions de réussite pour tous les enfants tunisiens sans distinctions sociales ou régionales.

En dépit de la grande capacité de contrôle du dossier sécuritaire, le déclin important des groupes terroristes sur la scène locale et régionale et malgré le fait que la menace terroriste existe toujours, les problématiques fondamentales de la situation actuelle sont surtout liées à la réconciliation entre la communauté politique, la société civile et la communauté profonde. Les protestations relevées mensuellement par l’O.S.T. montrent que la situation actuelle est due à la fracture qui existe entre ces trois niveaux.

A l’occasion de la fête de l’Indépendance, le Président de la République est intervenu et a évoqué de nombreuses questions importantes et laissées en suspens qui doivent être résolues comme : la sécurité, la performance économique, le vivre ensemble, les élections municipales et bien d’autres questions qui préoccupent l’opinion publique.

L’intervention du président n’a pas encore apporté de réponses décisives aux protestations sociales collectives grandissantes qui pourraient prendre des proportions sérieuses dans les mois à venir.

Le dossier de la loi de finances a été finalisé et quelle que soit version, ses répercussions sont bien réelles et demeurent.

Dans ce même contexte, le président du gouvernement, dans son discours devant l’Assemblée des représentants du peuple, a évoqué les différents défis et mécanismes pour surmonter ces problématiques, soulignant notamment la nécessité de réussir les élections municipales. Ces positions du président du gouvernement ont été accompagnées de nombreuses protestations de plusieurs députés.

Les célébrations de la fête de l’indépendance, cette année, n’ont pas été aussi remarquables que les années précédentes. Elles étaient principalement dans les médias sans célébration distinguée et en l’absence des partis politiques dans les espaces publics. Pour les citoyens finalement, il semble que ce jour-là a seulement représenté un jour de vacances, sans plus.

Le lendemain de ce jour fut la journée mondiale contre toutes les formes de racisme. De nombreuses organisations ont célébré cette journée spéciale à la suite de la décision du gouvernement tunisien de soumettre le projet de criminaliser toutes les formes de racisme en Tunisie.

Sans risque, on peut reconnaître que la préoccupation essentiellement si ce n’est la principale de l’opinion publique au cours de ce mois, fut le tiraillement et les accusations mutuelles entre le Ministère de l’Education et le Syndicat Général de l’Enseignement Secondaire. Ce dernier a décidé de retenir les notes des élèves comme mécanisme de pression afin d’accélérer les négociations sur plusieurs questions restées en suspens.

Le soutien à cette décision du cadre éducatif était important et s’est manifesté par un important rassemblement protestataire devant le siège du Ministère et sur la place Mohamed Ali, ainsi que par une réponse favorable à la grève générale initié par le syndicat.

D’autre part l’autorité de tutelle a répondu à la pression en menaçant de retenir les salaires des enseignants qui n’ont pas rendu les notes à l’administration responsable.

En parallèle un grand nombre de parents d’élèves ont protesté contre cet ensemble de procédures qui ne font qu’aggraver la situation et qui ne prend pas en considération les élèves qui ont, à leur tour, protesté pour leur droit de disposer de leurs notes et moyennes.

 

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