Situation des migrants bangladais à Tunis

0
4114

Tunis le 19/08/2019

 

Les migrants bangladais ayant refusé la procédure d’Aide au Retour Volontaire et à la Réintégration de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) Tunisie sont bientôt privés de protection et d’hébergement.

Le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux (FTDES) suit de près la situation des migrants bangladais rescapés en mer par le Maridive 601 le 31 mai dernier et présents sur le territoire tunisien depuis le 18 juin. Hébergés dans un centre du Croissant Rouge Tunisien (CRT) dans la banlieue de Tunis depuis deux mois, ces migrants sont dans une situation de blocage depuis qu’ils ont refusé l’Aide au Retour Volontaire et à la Réintégration proposée par l’OIM Tunisie. Sur les 64 Bangladais rescapés par le Maridive 601, 53 sont retournés au Bangladesh avec ce programme de l’OIM et 2 se sont enfuis. Les 9 migrants restants sont aujourd’hui menacés de devoir quitter le centre du CRT dans lequel ils sont hébergés sans aucune proposition de relogement ou perspective de suivi de la part des instances onusiennes.

Ils sont en effet dans l’attente d’un entretien auprès du Haut Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (UNHCR), attente qui pourrait encore durer plusieurs mois. Conscients que leur hébergement au sein du centre du CRT n’était que temporaire, les migrants sont néanmoins privés de tous les moyens d’agir afin de trouver une autre solution digne et durable à court comme à moyen terme en Tunisie.

Le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux demande à toutes les institutions tunisiennes, humanitaires et internationales de prendre leurs responsabilités et de coopérer afin de trouver un nouvel hébergement d’urgence aux 9 migrants concernés. L’accélération de la procédure de demande d’asile auprès du HCR permettrait, en outre, de faire débloquer la situation de grande vulnérabilité et d’incertitude dans laquelle se trouve ces jeunes migrants.

Le FTDES, après avoir entendu les témoignages alarmants des migrants bangladais :

  • Défend le principe de non-refoulement et dénonce sa non-application de plus en plus régulière en Tunisie.
  • Appelle toutes les ONG, associations, instances nationales et onusiennes à coopérer et dialoguer afin de trouver un hébergement d’urgence et une situation stable pour ces jeunes migrants à moyen terme.
  • Demande au HCR d’accélérer leur procédure de demande d’asile de ces 9 migrants.
  • Alerte pour que des situations inextricables comme celles des réfugiés du camp de Choucha actuellement placés dans la maison des jeunes de la Marsa ne se reproduisent.
  • Confirme l’absence d’un cadre juridique approprié sur la migration et l’absence d’une stratégie nationale durable en matière de migration qui respecte les approches humanitaires.
  • Considère qu’une partie importante de la crise migratoire en Tunisie est le résultat direct des politiques inhumaines de l’Union Européenne qui, en fermant ses frontières et en réduisant le sauvetage humanitaire en mer, externalise la crise vers les pays de transit.

Hedhili Abderrahmane, Président du FTDES.