Rapport sur l’échange des jeunes- Monastir

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Rapport sur l’échange des jeunes- Monastir

Elaboré par les volontaires de la section du bassin minier

Pour nous, la visite à la zone de Monastir qui a été faite entre 27 et 29 juin 2019 était une occasion pour découvrir la beauté et la splendeur d’une zone côtière qui a tout le potentiel pour être classée parmi les plus belles villes de la Tunisie, mais, cela n’était qu’une image falsifiée qui cache derrière elle une souffrance à cause de la pollution qui a déformé tout le paysage et qui a transformé la ville à une victime.

1) L’ONAS : premier responsable de la pollution de la baie de Monastir :

Lors de notre visite à la station de l’ONAS « Sayada, Lamta, Bouhjar », on a découvert le taux de la pollution causé par cette station qui jette les eaux polluées directement dans la baie sans tenir compte des conséquences désastreuses sur la biodiversité dans cette zone.

Dans ces milieux, auparavant, les habitants de Ksibet venaient pour jouir de la splendeur de la plage mais maintenant, tout a changé. La station de l’ONAS, dès son installation dans les années 90, a influencé négativement sur son entourage parce qu’elle n’a pas respecté les normes lors de son fonctionnement. Réellement, elle reçoit des quantités des eaux plus grandes de sa capacité réelle, ce qui mène au déversement des grandes quantités d’eaux usées dans la baie sans traitement.

Les habitants de Ksibet, qui sont entourés par des stations d’épuration polluantes, recevaient les conséquences du changement de la mer à un dépotoir toxique.

Pour défendre le droit de vivre dans un environnement propre, le forum tunisien des droits économiques et sociaux, section de Ksibet, a présenté tout un projet appelé « EL kahina » comme alternative qui pourrait protéger non seulement la baie de Monastir mais toute la zone côtière de la pollution qui provient des stations d’assainissement.

Mr Mounir Hsine (président de la section de Monastir) en Train de présenter le projet « Elkahnè »

 

Ce projet a pour but la valorisation de ces eaux pour les utiliser dans l’agriculture notamment l’agriculture fourragère.

Eaux usées dégagées de la station d’ONAS dans la baie de Monastir

 

2) La zone industrielle de Monastir : un vrai danger qui menace la vie des habitants :

Lors de notre visite à une usine située dans la zone industrielle, les conséquences de ces activités sont graves sur l’environnement. En effet, on a remarqué la présence des égouts qui sont liés directement à la baie et la qualité des déchets jetés sont nuisibles.

3) Le secteur de la pêche est la première victime de la pollution :

On a rencontré un pécheur de Ksibet qui nous a parlé de la catastrophe de la pollution qui a anéanti tous les phénomènes de la biodiversité maritime et a détruit le gagne-pain des pécheurs. Avec un ton de colère, il a dit qu’autrefois, la baie de Monastir représentait un milieu favorable pour la biodiversité pourtant, aujourd’hui, tout a changé ; les poissons sont impropres et leur consommation pourrait causer beaucoup de maladies dangereuses .

Les pécheurs, dans ces conditions, sont obligés de s’éloigner de 4 à 5 km dans la mer ce qui signifie plus de consommation de gasoil et il y a certains pécheurs qui ont délaissé ce domaine pour chercher d’autres moyens pour vivre. De même, le nombre des pécheurs a passé de 300 à 30 seulement.

 4) Atelier de la responsabilité sociétale de la Compagnie des phosphates de Gafsa :

Cet atelier est animé par Mr Rabah Ben Othmane, le coordinateur régional du projet justice environnementale qui a essayé de clarifier le rôle qu’a joué la CPG auparavant et qui a remplacé le rôle de l’Etat. C’est la CPG qui fournissait l’eau potable, l’électricité, c’est elle qui a construit les hôpitaux.

A partir de la fin des années 80, c’est à L’Etat de garantir ces services mais, la CPG a continué a joué un rôle important dans la région sous le titre de la responsabilité sociétale. Elle a créé en 1992 le fonds de reconversion et développement des centres miniers avec un capital de 32 milliards pour financer des projets et encourager les jeunes à l’innovation et à la création.

De même, après la révolution du bassin minier en 2008, la CPG a créé le pôle de compétitivité avec un capitale 47 milliards et qui est destiné principalement à la rénovation, au développement, à la recherche et à la formation.

Dans le même cadre, la CPG a créé une société de plantation qui est une filiale de la compagnie, sa mission est la protection de l’environnement, la plantation et la valorisation des déchets industriels provenant des activités minières.

Il faut souligner que la CPG, à travers ces organismes créés, contribue d’une manière très importante dans le développement de la région mais réellement la situation n’a pas changé (taux de chômage élevé, infrastructure ancienne, services publics médiocres…)

On peut expliquer cela par l’absence totale de la transparence et de la bonne gouvernance qui sont les piliers de la responsabilité sociétale.