OST: Rapport novembre 2017

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Rapport de l’Observatoire Social Tunisien

Novembre 2017

Les pluies d’automne qui sévi durant ce mois, notamment dans les régions du sud de la Tunisie et ont montré une fois de plus la fragilité de l’infrastructure. Les inondations se sont rapidement étendues, les routes ont été coupées, l’activité économique s’est arrêtée et suivies de visites par des délégations ministérielles accompagnées de plusieurs promesses qui n’ont pas été respectées en attendant le passage à l’ombre d’un autre évènement.

 Les protestations sociales observées dans plusieurs régions ont porté sur la détérioration de l’infrastructure et le manque d’actions nécessaires pour améliorer la situation.

Les instances météorologiques étaient conscientes de la possibilité de pluie qui étaient susceptibles de provoquer des inondations et ont identifié les zones à risques et aucune action préventive n’a été prise selon le témoignage des manifestants.

Des décès ont été enregistrés, y compris un capitaine de la garde nationale et un délégué régional qui effectuaient une visite sur le terrain dans les zones touchées ont été tous deux emportés par les inondations,

Chaque saison connait son lot de problèmes environnementaux et climatiques. Généralement les premières pluies automnales ont des résultats désastreux car les préparatifs ne sont pas à la hauteur du niveau souhaité et par conséquent de nombreuses manifestations voient le jour dans différentes régions, en particulier dans les régions intérieures et les grandes villes qui sont témoins de nombreux problèmes en relation avec les raccordements d’égouts, l’état des routes et le ralentissement des nombreuses activités, y compris l’éducation qui sont sujets à un certain nombre de mesures qui seront oubliées avec le début de l’hiver, de la pluie et de la neige dans les montagnes, provoquant l’isolement des régions intérieures et la perte de matériaux de chauffage. C’est Là qu’ont commencé les campagnes de dons et la collecte de l’aide par de nombreuses associations, sachant que nous avons relevé plusieurs des manifestations de la part des habitants concernant ces aides qui ont été considérées comme offensantes et du fait que ces personnes ne demandaient pas la charité surtout que certains vêtements n’étaient pas en bon état.

La société civile peut jouer un rôle important dans ce domaine, mais elle ne peut en aucun cas remplacer l’Etat, qui n’a pas encore formulé une politique sociale claire et efficace, mais cherche plutôt des solutions instantanées avec la présentation de promesses.

Le printemps arrive avec ses fleurs, ses vents et ses orages pour remettre sur le tapis d’autres problématiques sujettes à des protestations dans les mêmes régions.

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Rapport: A propos des droits économiques, sociaux et culturels sept ans après la révolution

Amer constat que celui de Mr Messaoud Romdhani président du forum Tunisien des droits économiques et sociaux : « La révolution du 17 décembre – 14 Janvier exprimait un désir irrépressible de changer la vie de tous les jours des citoyens… Les années sont passées mais ils sont toujours frustrés des droits pour lesquels ils se sont mobilisés ».

En effet, tant dans la revendication de leurs droits essentiels à la paix, à la sécurité alimentaire, à l’éducation, à l’eau, à un environnement sain et à des conditions de travail dignes, que du rejet de la pauvreté culturelle, consubstantielle à la pauvreté économique ou de la défense de leurs droit fondamental à la santé resté lettre morte face à la désertification médicale aggravée par la corruption et la mauvaise gouvernance, les aspirations des populations les plus marginalisées restent sans réponse.

Cette première évaluation publiée par le FTDES en vient à conclure que sept années de gestion post – révolutionnaire n’ont malheureusement abouti qu’à la conviction que le changement réel et nécessaire reste à faire.

L’état de la citoyenneté reste à bâtir dans une vision globale des droits dans leur interdépendance. En fait dans un projet national global à imaginer et défendre.

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Les inondations du sud-est tunisien : Entre la Nature et l’Etat, qui est au secours ?

Les inondations du sud-est tunisien : Entre la Nature et l’Etat, qui est au secours ?

Après un été sec faisant partie de la série des étés les plus chauds jamais enregistrés dans l’histoire de la météorologie moderne, le sud-est tunisien a été noyé, pendant les 2 jours du 11 et 12 novembre, par des pluies torrentielles qui a engendré des inondations. Ces inondations ont causé des dégâts aussitôt matériels que humains. A savoir, un bilan de 5 décès, dont le chef du poste de la garde nationale de Matmata, Mehdi Haddad et le délégué de la ville, Mohsen Ben Assi (encore porté disparu), ainsi 117 évacuations (1).

Nature ou infrastructure ?

En fait, le passage d’une saison à une autre est toujours caractérisé par des changements météorologiques. Accentués par le réchauffement climatique, ces changements sont devenus plus aigus. C’est le cas des pluies torrentielles qui ont précipité sur le sud-est tunisien dans le passage automne – hiver. Cependant, les dégâts causés par ces pluies sont les résultats d’une infrastructure très fragile et archaïque. En effet, le débordement des oueds, la noyade des rues et l’inaccessibilité aux écoles sont derrière la catastrophes que les citoyens de Gabès, Medenine et Tataouine ont vécus.

Le chef du poste de la garde nationale et le délégué de Matmata étaient dans une patrouille de sauvetage et de suivi quand leur voiture a été emportée par le flot (2). Résultat : le décès du premier et la disparition du second. De plus, les 3 gouvernorats étaient dans la paralysie totale que ce soit pour les citoyens en danger ou pour les efforts de sauvetage. Des routes sont bloquées surtout à Gabes à savoir la route régionale 55 qui dirige vers Mareth et la route nationale 1 vers la ville de Zarat. Le coût total des pertes est évalué à 10M de dinars pour les routes et 5M de dinars pour les cours des oueds (3). Des élèves sont évacuées des écoles comme à Matmata El Jadida, le samedi 11 novembre (4). D’autres écoles sont inaccessibles carrément comme c’est le cas pour 3 écoles à Ben Guerden (5). Ainsi, la distribution des eaux potables est perturbée voire coupée dans plusieurs régions telles que les villes de Hamma et Ouedhref avec des coupures de l’électricité à la ville de Medenine. D’aieurs, dans une intervention de réparation, un agent de la STEG meurt électrocuté en essayant de rétablir l’électricité (6).

Cette situation de l’infrastructure a conduit à une catastrophe nationale qui dépasse son aspect « naturel » et qui pose des questions sur les stratégies adoptées par l’Etat tunisien dans la prévention et l’intervention face aux catastrophes naturelles. Ceci lève des soucis surtout devant une saison hivernale qui s’annonce dure.

Mieux vaut prévenir que guérir

            La loi n°91-39 du 8 juin 1991, relative à la lutte contre les calamités, à leur prévention et à l’organisation des secours (7) précise les mesures à prendre par les autorités dans les cas similaires à celui de ces inondations. Dans son Article 2, on cite « les secours sont organisés et les mesures nécessaires pour prévenir les calamités et pour y faire face avec tous les moyens disponibles, sont prises dans le cadre d’un plan national et des plans régionaux. ».

Alors, suite aux alertes météorologiques communiquées par l’Institut National de la Météorologie (IMM) (8), les commissions régionales de lutte contre les catastrophes naturelles se sont tenues à Tataouine et à Medenine sous la présidence des gouverneurs des deux régions (9). Cependant, l’application de la loi a été ignorée, dans son côté préventif, par le gouverneur de Gabès. Toutefois, l’IMM a annoncé, au début du mois de novembre, que les changements météorologiques seront aigus à la fin de la 2ème semaine du mois.

Pis, le délégué de Mareth a averti médiatiquement en indiquant la possibilité du débordement des oueds (10), mais, le gouverneur de Gabès n’a pas bougé. Conséquences : des citoyens morts et des écoles évacuées.

Alors, c’est seulement après le décès du chef du poste de la garde nationale et du délégué de Matmata, le samedi 11 novembre, que le comité régional de la lutte contre les catastrophes de Gabès s’est réuni pour évaluer la situation (11).

Le lendemain matin, le chef du gouvernement arrive à Gabès (12) après une visite au Caire. En fait, il a détourné son avion parti à l’aéroport Tunis – Carthage vers l’aéroport de Gabès. Il a alors convoqué le gouverneur pour une cellule de crise. Parmi les sorties de la réunion de la cellule de crise, Youssef Chahed a promis de de fournir plus de fonds pour lutter contre les inondations (13).

De point de vue national, le ministre de l’Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de la Pêche a présidé le comité de lutte contre les catastrophes naturelles (14). Ce comité a publié un communiqué qui dénombre les dégâts sans proposer des solutions ou des mesures à adopter. Il est à rappeler, qu’au 1er novembre, ce ministre a annoncé l’activation du fonds des catastrophes naturelles estimée à 60M de dinars, au cours de l’année 2018 (15).

Weekend des deux F : Football. Festival

Les pluies précipitées sur le sud-est de la Tunisie ont commencé à la fin de la journée du 10 novembre. Ces pluies sont devenues plus fortes le lendemain. Cependant, toutes les caméras sont penchées vers deux événements majeurs de la journée : La journée de clôture des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) et le match de qualification de la sélection nationale à la coupe du monde 2018.

Mis à part l’attention des citoyens à ces deux événements, les autorités aussi étaient occupées. Au stade de Radès, les mesures sécuritaires étaient à cheval, sous la responsabilité du ministère de l’intérieur. Le match a débuté à 18h30, juste après la disparition du chef du poste de la garde nationale et le délégué de Matmata. Alors, il faut noter que la loi, relative à la lutte contre les calamités, à leur prévention et à l’organisation des secours, postule dans son Article 3 qu’« Il est créé auprès du ministre de l’intérieur une commission nationale permanente chargée sous son autorité, d’élaborer le plan national et de suivre sa mise en application ».

Par ailleurs, le président de la république Béji Caid Essebsi a assisté à ce match au stade et il a félicité les joueurs et tout le peuple tunisien de cette qualification avec une indifférence totale de ce qui se passe aux agents de l’Etat ainsi qu’aux citoyens (16).

Dans un autre enjeu sécuritaire, la clôture des JCC s’est accaparé l’attention des autorités sur l’avenue Habib Bourguiba à la capitale. De ce fait, on peut imaginer les salles d’opération du ministère de l’intérieur.

Quant aux médias, à part les infos de la chaîne nationale, la couverture des inondations du sud-est de la Tunisie était timide sauf les publications des citoyens sur les réseaux sociaux.

Redeyef 2009 : Quells leçons ?

            Ces inondations font rappel à la catastrophe de Redeyef en 2009. En fait, en septembre 2009, la ville du bassin minier a été touchée par des inondations qui ont engendré 23 cas de décès. Mise à part la forte pluviométrie et le relief de la ville, l’infrastructure était l’accusée n°1 dans cette affaire. D’emblée, la Compagnie de Phosphate de Gafsa (CPG), avec les digues installées pour le lavage du phosphate, a aggravé la situation quant à l’évacuation des eaux. De plus, l’aménagement de l’oued est très archaïque et qui ne respecte pas les normes, surtout celles dans la prévention des inondations. De ce fait, la section du FTDES au bassin minier a publié, en octobre 2016, un rapport d’audit citoyen sur la protection de la ville de Redeyef contre les inondations.

Le ministre de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du Territoire a visité de la ville de Redeyef. Cette visite a été faite en octobre 2017, alors, 1 an après la publication du rapport et 8 an après la catastrophe. Le but de cette visite est de vérifier et enquêter sur le projet, annoncé en 2010, de protection de la ville de Redeyef contre les inondations.

De ces faits, quelles sont les garanties que le modèle de développement actuel propose pour prévenir et lutter contre les inondations et les catastrophes généralement ?

Pour conclure, il est indispensable de mettre en question les mesures adoptées par les autorités dans la lutte contre les catastrophes naturelles. Ceci implique à la fois, la prévention, l’intervention et la compensation des indemnités. D’ailleurs, quel est le sort des citoyens touchés dans leurs domiciles, leur agriculture et leurs propriétés ? Dans un scénario très possible au nord-ouest, cet Etat est-il prêt à faire face aux catastrophes causées par la neige ?

Allons dans un cadre plus global, quelles sont les stratégies adoptées par ce modèle de développement sur la problématique de la justice climatique ? Avec ces fluctuations du climat très prononcées allant de la sécheresse aux inondations, cet Etat est-il prêt de faire face à cette nouvelle situation ?

        

Références

 

 

 

 

 

OST: Rapport octobre 2017

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Rapport de l’Observatoire Social Tunisien

Octobre 2017

Après la baisse significative du niveau des protestations au cours des quatre derniers mois, les protestations sous diverses formes sont revenues à leur zénith.

Les manifestations relevées ont inclus de nombreux secteurs et acteurs de manière équivalente. La scène de protestations était bien présente dans divers médias reflétant la tension, l’incertitude et la peur de l’inconnu.

Parmi les signes importants qui ont été observés concernant, particulièrement, les manifestations sous-jacentes de nombreux acteurs et parties, il ressort un discours autour de la crise, des signes relatifs à la crise et des issues de cette crise ou de ces crises sur fond de discours alarmants et non rassurants, d’une part et autour des données et indicateurs concernant le déclin de la pauvreté et le retour des touristes ainsi que de la production des agriculteurs respectables, d’autre part.

Cette situation appelle plusieurs interrogations et il parait probable que cette incertitude est le principal facteur dans l’évolution des protestations, en particulier celles sous-jacentes.

Les protestations semblent la plupart du temps en veille, mais jouent le rôle de déclencheur dans l’émergence de manifestations concrètes sur terrain.

Les mesures gouvernementales annoncées, les réactions diverses et divergentes de la part de nombreux acteurs comme l’Union Générale Tunisienne du Travail ou l’Union Tunisienne de l’Industrie du Commerce et de l’Artisanat, de nombreuses organisations et associations de la société civile, de partis et de personnalités politiques reflètent un paysage flou et une image pas claire.

Nombreuses manifestations observées concernaient, essentiellement, le quotidien et le vécu du citoyen. Ainsi que sur le problème de sécurité.

Ces manifestations qui ne sont pas du tout arbitraires, mais reflètent des problèmes sociaux et sociétaux en rapport avec le quotidien et les rapports sociaux des individus et des communautés comme l’inflation, la détérioration du pouvoir d’achat et des problèmes sécuritaires. Nous pouvons citer, comme exemples, la viande avariée mise à la consommation publique dans certains magasins ou offerte dans les cantines scolaires et universitaires sans oublier les cas d’empoisonnement causant la mort dans de nombreuses régions.

 Les mesures administratives prises à cet égard témoignent de la gravité de la question. Lors des périodes précédentes, nous avons évoqué cette question en relation avec les conditions sanitaires et la consommation des citoyens.

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Les garçons de Gafsa

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Les garçons de Gafsa

I ragazzi di Gafsa

http://www.mediterraneanhope.com/articoli/i-ragazzi-di-gafsa-1996

Thomas Tambourine

La rubrique “Regard sur les frontières” est éditée par les travailleurs de l’Espérance Méditerranéenne (MH), le projet sur la migration de la Fédération des Eglises Evangéliques en Italie (FCEI). Cette semaine, le film “Looking”, signé par Thomas Tamburello, est issu de l’Observatoire de Lampedusa.

Rome (NEV, 2 novembre 2017 – Au sein du hotspot de Lampedusa, les garçons tunisiens vivent leurs jours avec la certitude qu’ils seront rapatriés dans leur pays d’un jour à l’autre. Les expulsions prévues par les accords bilatéraux italo-tunisiens les terrorisent au point qu’ils organisent depuis plusieurs jours une manifestation de protestation qui a pris des positions extrêmes. En fait, certains d’entre eux ont entamé une grève de la faim et deux d’entre eux ont atteint le point de se coudre la bouche en signe de protestation silencieuse.

La situation en Tunisie

Déjà la semaine dernière, nous avons évoqué la situation socio-économique en Tunisie, un pays qui a été frappé par un taux de chômage très élevé (15,3% depuis les dernières enquêtes), qui atteint 40% des groupes de population les plus jeunes. Ces estimations atteignent des niveaux d’extrême gravité dans les parties méridionales du pays et dans l’arrière-pays, qui sont plus pauvres et défavorisés en termes de prestations sociales et d’infrastructures. En plus des conditions de pauvreté causées par le manque d’emploi, il y a d’autres facteurs qui causent le mécontentement et compromettent la stabilité sociale du pays : par exemple, la pollution de l’environnement dans certaines régions et les risques sanitaires qui y sont associés ; la corruption endémique de la classe dirigeante et le favoritisme de l’attribution des emplois, déjà présents à l’époque où Ben Ali régnait et apparemment encore plus profondément enracinés ;

Ils nous parlent ensuite d’une situation dans laquelle la violence policière et la torture des détenus sont à l’ordre du jour, dans un climat de répression de la dissidence politique déguisée en une forme de lutte contre le terrorisme et la criminalité.

L’appel des hotspots et la protestation pacifique

Le 27 octobre, un jeune Tunisien du centre a affiché sur sa page Facebook un appel à l’opinion publique internationale annonçant le début de la grève de la faim par certains invités. La décision radicale vise à exiger le droit de circuler et à protester contre l’expulsion forcée. Le communiqué dit ceci : “Nous sommes menacés par un rapatriement forcé qui viole les conventions internationales qui garantissent la liberté de circulation, qui s’opposent aux politiques injustes d’expulsion et aux conventions bilatérales qui privilégient la sécurité des frontières au détriment du respect des droits universels. Nos rêves ne sont pas différents de ceux des jeunes Européens, qui jouissent de la liberté de mouvement dans notre pays et ailleurs, à la recherche d’autres expériences, mais aussi pour promouvoir la liberté, la justice sociale et la paix. Nous lançons un appel aux personnes libres qui défendent l’existence d’un monde alternatif, où dominent les valeurs universelles et la solidarité. Parce que là où votre argent et vos biens circulent librement dans notre pays d’origine, vous emprisonnez nos rêves derrière vos murs.

Samir, Mohammed, Karim : La vie à Redeyef

Puis nous avons rencontré trois jeunes Tunisiens dans les rues de Lampedusa, invités du centre, âgés de 25 à 30 ans. Ils sont parmi ceux qui sont impliqués dans la protestation pacifique et sont en grève de la faim ; nous avons recueilli leurs témoignages : nous les appellerons Samir, Mohammed et Karim.

Les garçons sont originaires de Redeyef, une ville de l’arrière-pays sud-ouest tunisien au milieu du bassin minier de Gafsa. La société Gafsa Phosphates Company (CFG) est depuis longtemps le seul moteur économique de la région, capable de générer à elle seule 3% du PIB tunisien, dans un pays qui est l’un des premiers exportateurs mondiaux de phosphates. Cependant, toutes ces richesses n’ont pas été redistribuées dans la région, qui reste l’une des plus pauvres du pays et qui est clairement à la traîne en termes d’infrastructures. En outre, le niveau élevé de la pollution de l’air et de l’eau par le cadmium et l’uranium, dû aux procédés de traitement des minerais et aux conditions sanitaires dramatiques des habitants de la région, marquées par une incidence très élevée de cancers et d’autres maladies graves, y est également associé.

Redeyef est la ville d’où, en janvier 2008, les protestations des habitants sont nées suite à la diffusion des résultats truqués des concours de recrutement CFG. Le soulèvement des habitants de Redeyef est historiquement important : il a donné lieu à la répression violente du gouvernement de Ben Ali et est considéré comme le précurseur des mouvements sociaux qui, en 2011, revendiquant la liberté, la dignité et le travail, ont conduit à sa capitulation, ainsi qu’aux mouvements révolutionnaires ultérieurs du Printemps arabe.

Rencontre dans notre bureau de Mediterranean Hope à Lampedusa

Samir : “Nous sommes tous diplômés, (Samir parle un excellent anglais, il a un diplôme universitaire qui le certifie et est qualifié pour enseigner, ndlr), mais il n’y a pas de possibilités économiques pour nous. Nous ne trouvons pas d’emploi et il y a plusieurs membres de nos familles qui n’ont aucun revenu. Il y a beaucoup de familles, peut-être avec cinq enfants, qui doivent survivre avec un revenu mensuel de base de 400 dinars, soit environ 120 euros ; avec ce peu d’argent, il est impossible de subvenir aux besoins d’une famille, et je ne parle pas de la possibilité d’assurer une bonne éducation, mais de la possibilité d’acheter de la nourriture tous les jours.

Les hôpitaux sont absents et notre santé n’est pas très bonne parce que les phosphates l’endommagent, regardez mes dents… C’est la faute de l’eau que nous buvons, de l’eau du robinet, parce que nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir de l’eau embouteillée. Notre santé est gravement endommagée par les phosphates et d’autres produits chimiques, qui endommagent nos poumons lorsque nous respirons. Nos os sont également fragiles. En outre, le chômage et la pauvreté nous privent d’assurance maladie et donc de soins adéquats. L’infrastructure est inexistante et les bâtiments dans nos parties ne sont pas construits conformément aux règles : il n’y a aucun intérêt à protéger notre sécurité, nous ne sommes pas traités comme des êtres humains.Nous sommes préoccupés par l’exploitation des ressources du pays, le pétrole, le gaz, les phosphates, la pêche et le tourisme, ainsi que par la richesse générée. Nous ne voyons rien de tout cela, tout ce que nous en retirons, ce sont les maladies causées par la pollution.

Nous sommes également très préoccupés par la détérioration croissante de la qualité de l’éducation publique : le gouvernement abaisse volontairement le niveau d’éducation pour sensibiliser les gens à leur condition et les rendre moins enclins à développer une conscience critique. L’accès au monde du travail est conditionné par la connaissance et un système de clientèle : il gagne les concours et trouve du travail non pas qui a obtenu les meilleures notes, mais qui connaît les bonnes personnes ou a l’argent pour les rémunérer “.

Karim : “La pollution environnementale causée par le phosphate dans l’air et l’eau est en train de ruiner nos vies : l’incidence du cancer est très élevée. J’ai 30 ans et je n’ai pas encore trouvé de travail ni de sens à ma vie. Je déteste ma vie et j’ai déjà tenté de me suicider une fois. Les impôts sont très élevés et si vous n’avez pas la chance de corrompre les bonnes personnes, vous ne pouvez pas vous attendre à quelque chose de bon de la Tunisie : avec les bonnes amitiés et l’argent, vous pouvez trouver un emploi, tous les autres restent sans. Le gouvernement ne s’intéresse pas à nous ni à nos problèmes.

Mohammed : “Les abus et la violence de la police se produisent tous les jours. J’ai été en prison pendant six mois, juste parce que j’ai demandé du travail. Je m’inquiète également des attentats terroristes en Tunisie, c’est un phénomène croissant qui touche de plus en plus de gens, et je ne veux pas être impliqué. J’ai peur d’être de nouveau arrêté pour avoir participé à des manifestations et d’être ensuite accusé de terrorisme ; le gouvernement utilise la lutte contre le terrorisme pour réprimer toutes les formes de dissidence politique et sociale.

Il existe d’énormes inégalités et disparités, entre quelques individus très riches et presque tous ceux qui n’ont rien. Un membre de ma famille est gravement atteint d’un cancer ; il souffre de très graves douleurs à la tête, au cœur et à l’estomac, sans assurance maladie ni argent pour acheter des médicaments qui peuvent soulager ses souffrances.

Quelle est la situation dans le hotspot ? Pourquoi protestez-vous contre ?

Mohammed : “J’aime tout au centre, je proteste seulement parce que je ne veux pas retourner en Tunisie et je suis en grève de la faim pour cela. Je préférerais passer toute ma vie au centre de Lampedusa plutôt que d’être rapatrié “.

Karim : “Tout d’abord, je voudrais remercier tous les Italiens qui travaillent dans le centre. Je n’ai jamais été traité avec autant de gentillesse tout au long de ma vie ; même les policiers sont gentils avec moi, ils me disent toujours bonjour et me demandent comment je vais. Je voudrais rester en Italie, en France ou dans un autre pays d’Europe ; je pense que si j’avais la possibilité de rester ici, je pourrais exploiter mon potentiel et faire quelque chose de bien pour moi. J’ai de nombreux amis et cousins qui sont en Europe et qui ont eu l’occasion de commencer une vie digne, en particulier en ce qui concerne les femmes, qui jouissent d’une plus grande égalité et leurs droits sont mieux reconnus.

Je suis en colère contre mon gouvernement parce qu’il prend de l’argent de l’Italie dans les accords concernant les refoulements, et le fait que quelqu’un gagne de l’argent sur mon rapatriement et sur mon désespoir me fait sentir comme si j’étais un produit d’échange. Je ne veux pas retourner en Tunisie, je préférerais mourir, j’ai déjà essayé de me suicider une fois et je suis prêt à le refaire “.

Samir : “La même chose est vraie pour moi : je ne mettrai plus les pieds en Tunisie, je préfère mourir plutôt que de rentrer et je suis prêt à me suicider s’ils décident de me rapatrier. C’est la seule option qu’il me reste, vraiment… J’ai passé l’enfer là-bas et je ne suis pas prêt à retourner vivre dans ces conditions. Je le répète, notre protestation n’est pas contre l’Italie ou les conditions du centre, mais contre les politiques de refoulement injustes qui nous préoccupent. Nous n’avons rien fait de mal et nous devrions avoir le droit de circuler librement. Pourquoi les Italiens et les Français, par exemple, peuvent-ils entrer en Tunisie sans visa et pas nous ?

Nous avons tous une mère qui nous a porté dans son ventre pendant 9 mois et qui nous a mis au monde, nous avons tous reçu une éducation et nous avons tous étudié… Quelle est la différence entre nous et vous ?

Que recherchez-vous en Italie ou en Europe ?

Samir : “Nous sommes à la recherche d’opportunités, nous voulons faire quelque chose de bien dans notre vie. Depuis mon enfance, j’ai promis à ma mère que j’étudierais et que je obtiendrais un doctorat. Je ne peux pas faire cela en Tunisie, le niveau d’éducation est bas, et même si je remportais ce titre, ce serait bon à rien dans mon pays. Et puis, je veux être honnête, il y a des raisons économiques pour lesquelles je sui parti. On n’a qu’une vie et je veux la mener d’une manière décente, je veux voyager et avoir le droit de profiter de belles choses, comme il est juste qu’elle devrait l’être pour tout le monde.”

Karim : “Je veux commencer une vie ici. Connaître une femme, me marier et avoir des enfants, parce que dans notre religion, il est extrêmement important d’avoir une famille : si vous êtes mariés, vous aurez atteint la moitié des objectifs de votre vie. Je veux fonder une famille et mener une vie normale, comme un être humain normal.”

Mohammed : “Moi aussi, j’aimerais me marier et avoir des enfants, mais je ne veux surtout pas retourner en Tunisie, où j’ai beaucoup souffert et où je me sentais souvent à bout de souffle à cause de la colère que je ressentais. J’ai eu l’impression que le gouvernement me discriminait constamment, comme si je n’étais pas Tunisien, parce qu’il y a beaucoup de différences entre ceux du Nord et ceux du Sud comme nous. Nous, au Sud, nous avons les ressources, mais ceux qui en bénéficient ne sont que les classes aisées du Nord et les entreprises étrangères. D’autres pays africains traversent des guerres et des massacres, nous sommes comme si nous vivions une sorte de guerre froide, où les tensions sont omniprésentes, la police vous maintient toujours sous contrôle et la vie quotidienne est stressante à des niveaux insupportables.

Je demande donc aux garçons pourquoi, selon eux, il y a eu tant de départs de Tunisie vers l’Italie au cours des trois derniers mois. La réponse est unanime et concerne l’insoutenabilité soudaine de leur condition et les facteurs qui la provoquent : chômage, misère et désespoir.

Rapport: Pas de justice sociale sans justice environnementale

« Pas de justice sociale sans justice environnementale »

Retour sur le Forum pour une Justice environnementale en Tunisie 2017 (rapport)

Après la rencontre des mouvements sociaux à l’Université d’été, l’idée d’organiser un Forum pour une Justice Environnementale en Tunisie (FJET17) s’est concrétisée (voir rapport en toute fin de l’article). C’est le 4ème forum social sur l’environnement organisé par le FTDES, et il fait notamment suite aux travaux des mouvements socio-environnementaux engagés lors du Congrès national des mouvements sociaux en mars 2017. A cette occasion, avait été adoptée une déclaration retraçant leurs constats, les valeurs et les revendications ayant vocation à fonder et construire les solidarités et à guider une lutte commune :

A cette occasion, nous avons proposé une nouvelle vision, et la mise en oeuvre d’une méthodologie plus participative que les formats « conférence-débat ». En effet, un appel à proposition a été envoyé aux mouvements environnementaux de toutes les régions de la Tunisie afin que le programme du FJET17 corresponde au mieux à leur attentes. Le Forum pour une Justice Environnementale en Tunisie (FJET17)     a cherché à réunir une diversité d’acteurs de la société civile (universitaires, avocats, médecins, associatifs, syndicalistes, etc.) avec des militants qui mènent des luttes environnementales au quotidien afin de mieux comprendre les injustices telles qu’elles sont vécues localement et comment elles sont combattues. Les échanges ont aboutis à de nombreuses recommandations d’actions qui pourront être lancées/portées/coordonnées à l’avenir par les différents participants au Forum.

[Lien du programme détaillé] https://ftdes.net/rapports/frprogramme.pdf

Avant l’ouverture du forum, le FTDES a tenu à rendre un hommage à Nader Chkiwa. Nader est le président de l’association de protection des oasis de Chott El Salam (Gabès). Il était l’un des leaders des mouvements environnementaux de Gabès. Le 8 Août 2017, Nader nous a quittés. Zoé Vernin du FTDES et Khaireddine Debaya du mouvement STOP POLLUTION ont dit un mot en sa mémoire avant de montrer un reportage filmé par Nawaat.org

> mettre directement le lien de la vidéo : https://nawaat.org/portail/2017/08/08/%D8%A7%D9%84%D9%85%D9%86%D8%A7%D8%B6%D9%84-%D8%A7%D9%84%D8%A8%D9%8A%D8%A6%D9%8A-%D9%86%D8%A7%D8%AF%D8%B1-%D8%B4%D9%83%D9%8A%D9%88%D8%A9%D8%8C-%D8%B1%D8%AD%D9%84-%D8%AF%D9%88%D9%86-%D8%A3%D9%86-%D9%8A/

Après les mots d’ouverture par le président du FTDES, le représentant de FES et le directeur général de l’UGTT de Mahdia, une série d’intervention ont suivi.

Abdeljabbar Reguigui, de la section locale de l’UGTT de Gabès, a exposé ses réflexions sur les liens entre les droits humains, le modèle de développement et les injustices environnementales. Selon lui, « Parmi les illusions que les autorités entretiennent, il y a l’idée que la prise en compte de l’environnement n’est pas efficient économiquement »

[VIDEO ABDELJAHBAR] (DONE) https://www.youtube.com/watch?v=pqONAxa1UcY&t=2s

Ensuite, la parole a été donnée  aux mouvements environnementaux des différentes régions. Rabeh Ben Othman de Redeyef, Abdelhamid Hessairi de Sfax, Salah Krifa de Kalâa Sghira et Mounir Houssine du Monastir et Haifa Bedoui de Gabès, ont évoqué des problèmes comme la pollution, l’approvisionnement en eau potable, la gestion des déchets et des décharges,etc. Egalement, ces témoignages ont été interactifs, les participants du forum ont posé des questions par rapport aux interventions et ils ont enrichi le contenu.

[Vidéo des interventions] https://www.youtube.com/watch?v=QFpAPgilIRk&t=1s

Enfin, le film  « Khnagtouna » (Vous nous avez étouffés ) de Zied Hadded a été projeté pendant la première soirée. Ce film documentaire a fait l’objetd’un débat entre les spectateurs sur la lutte contre les décharges à Djerba. Les discussions ont été fructueuses, et a notamment émergé une proposition : recourir le plus possible aux supports vidéo pour sensibiliser largement sur les luttes menées dans les territoire et pour aussi vulgariser certaines problématiques environnementales.

Deuxième journée : Les ateliers

La 2ème journée du forum a été consacrée aux ateliers. Le matin, trois ateliers axés sur la défense des droits ont eu lieu en parallèle avec des intervenants spécialistes du terrain et d’autres participants qui ont pu témoigner et exposer des besoins selon les problématiques régionales.

Ces ateliers sont :

  • Le droit à l’eau : Cet atelier traite des enjeux relatifs à la disponibilité de l’eau potable et de l’eau agricole ainsi que sa qualité. Il a pour objectif de faire l’état des lieux des différents problèmes des régions, la formulation de quelques positions communes et la définition d’un plan de travail.
  • Le droit à un environnement sain : Cet atelier a appréhendé la relation entre la pollution et les dangers sanitaires vécus par les citoyens et les travailleurs. Il aspirait à faire l’état des lieux de ces problèmes, discuter des contraintes du secteur de la santé et proposer des actions de coordination entre les citoyens, les organisations et notamment les professionnels de santé.
  • Le droit à un développement durable : Dans cet atelier, les travaux ont abordé la relation « environnement – développement – emploi ». Cet atelier a eu vocation à identifier les menaces sur l’emploi qui ont des causes environnementales, définir les pistes où il y a une tension entre l’environnement et l’emploi afin de trouver des solutions, et proposer des recommandations de travail pour lier la question environnementale à la question de l’emploi.

Une coordination plus solide entre tous les mouvements s’avère pour beaucoup nécessaire afin d’unifier la lutte et considérer d’autre moyens d’attaquer les différentes problématiques.

La séance de l’après-midi a suivi la même démarche avec 3 autres ateliers sur les enjeux stratégiques des luttes.

  • L’interpellation du politique et des services publics : Cet atelier a initié une réflexion sur les techniques de dialogue, de négociation et de plaidoyer avec les autorités et les services publics. Le but a été d’évaluer l’état actuel des outils de lutte et leurs impacts sur la relation avec les autorités, analyser les décisions de l’Etat avec les mouvements et proposer des actions de soutien entre les mouvements.
  • Droit à l’information et rôle de l’expertise : Les travaux de cet atelier se sont intéressés aux problématiques d’accès et d’utilisation des informations. Il a permis d’identifier les contraintes de l’accès à l’information ainsi que de proposer des actions qui facilitent cet accès, mais aussi l’utilisation des données.
  • Enjeux juridiques : L’arsenal juridique tunisien ne manque pas de lois qui protègent l’environnement. Cet atelier a eut pour but d’identifier les problèmes juridiques relatifs à la protection de l’environnement et de proposer des outils utiles pour les actions de soutien lors des procès contre les mouvements, mais aussi d’envisager des recours judiciaires sur les problèmes d’eau et de pollution.

Les propositions ont été riches. Certaines recommandations ont particulièrement retenu l’attention du FTDES qui aimerait à l’avenir lancer, contribuer ou soutenir les actions suivantes :

  • Améliorer les conditions d’enquête citoyenne sur la santé environnementale
  • Elaborer une guide sur l’hépatite A et maladies liées à l’eau pour notamment informer sur les différentes responsabilités des autorités
  • Elaborer un guide sur les institutions compétentes relatives à l’environnement
  • Etudier et mettre en lumière les liens entre les problématiques sanitaires-environnementaux et leurs impacts économiques.
  • Mettre en place de mécanismes d’appui des avocats aux luttes environnementales, et déposer des recours en justice sur les problèmes de l’eau et des pollutions
  • Continuer à offrir des cadres favorables de rencontres et d’échanges à la coordination des mouvements socio-environnementaux
  • Défendre par tous les moyens l’accès à l’information, un droit fondamental et une condition indispensable aux actions de sensibilisation et de plaidoyer
  • Former des activistes à l’outil-vidéo

Pendant la soirée, il y eu une autre séance de projection. Plusieurs vidéos-reportages, documentaires et animations sur diverses problématiques environnementales ont été visionnés. Cette sélection a été préparée par Jihed Ben Slimen de la Fédération Tunisienne des Cinéastes Amateurs. Le débat, comme son précédent, a été constructif et l’un des participants a proposé une caravane qui projette des films dans les rues des différentes régions. De plus, il a été proposé que des formations à l’outil vidéo soient dispensées aux activistes.

Troisième journée : La restitution des ateliers

La dernière séance plénière de ce forum a été animée par Sofien Bouajila qui a proposé une méthodologie de restitution et d’échanges entre ateliers. Chaque atelier a désigné un représentant qui exposent les recommandations à l’assemblée plénière afin que les autres participants puissent commenter et enrichir les travaux des ateliers auxquels ils n’ont pas participé. Toutes les recommandations ont été remises en considération et des intersections entre les ateliers ont été établies.

Ce forum a été une occasion pour réunir les mouvements environnementaux tunisiens afin de coordonner entre eux dans leur lutte contre une multitude de problème auxquels ils font face. L’espoir, maintenant, est dans la concrétisation des travaux de ce forum et de ses recommandations.

Rapport :

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Programme détaillé :

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OST: Rapport septembre 2017

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Rapport de l’Observatoire Social Tunisien

 Septembre 2017

Le début du mois a été caractérisé par l’annonce du remaniement ministériel partiel. Au début du mois de mai, le remaniement ministériel a été annoncé et les postes vacants ont été comblés dans plusieurs ministères. Nous avons remarqué de nombreuses réactions avant l’annonce de ce remaniement. Allait-il être partiel ou complet? Contiendrait-il des ministres technocrates ou plutôt politiciens ?

Certains organismes politiques et organisations nationales ont également exprimé un certain nombre de positions pour s’assurer leur implication sans oublier de nombreux autres problèmes qui ont retardé l’annonce du remaniement ministériel.

 Certains noms étaient des candidats au départ ; cependant, le gouvernement les a conservés et certains autres noms ont quitté de surprise le corps ministériel.

La question la plus importante et la plus fondamentale demeure complexe et l’hypothèse et le prix du consensus sont souvent coûteux.

La problématique ne réside pas, seulement, à ce niveau  mais dans les nombreux débats et manifestations particulièrement observés avant le vote de confiance de l’Assemblée populaire à ce gouvernement. Environ 14 ministres appartiennent structurellement et organisationnellement au R.C.D. Situation qui a reflété la peur d’un retour aux méthodes procédurales, administratives et politiques propres au système politique d’avant la révolution, est-ce un retour progressif aux politiques de ce système ? Le plus important est qu’un certain nombre de manifestation ont été observées dans ce domaine.

            Le problème essentiel demeure dans le développement rapide des événements au cours de ce mois ainsi que la clôture rapide du dossier du remaniement ministériel malgré la difficulté rencontrée en amont, comme mentionné ci-dessus.

L’émergence d’un autre dossier peut être beaucoup plus important que le remaniement  des ministres partiel fut-il ou complet c’est la loi de la réconciliation administrative.

De vives protestations par plusieurs familles politiques ont été observées à l’intérieur et à l’extérieur de l’Assemblée populaire. Ce sujet a suscité beaucoup d’intérêt dans divers médias ainsi que divers réseaux sociaux et est devenu un problème d’opinion publique.

Nos divers mécanismes de veille sur le terrain adoptés montrent jusqu’à quelle mesure ceci est sujet des intérêts des citoyens dans leurs différentes positions.

Les grandes problématiques ont concerné, particulièrement, la grande divergence entre les différentes perceptions du droit et des représentations sociales, des lois et des faiseurs des décisions.

De grandes et importantes manifestations ont été observées avec l’absence des organismes médiatiques officiels  qui ne disposaient pas des moyens d’interaction avec les récepteurs donc nous n’avons pas vu des mobilisations populaires ou de mobilisation de l’opinion publique sur le sujet.

Les manifestations que nous avons relevées, bien que souvent latentes, sont importantes et fondamentales pour façonner le paysage politique dans ses divers aspects.

Certains des défenseurs de la loi de la réconciliation ont présenté un certain nombre de justifications basiques dont sa contribution à la croissance d’un ou deux points du produit national brut.

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OST: Rapport aout 2017

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Rapport de l’Observatoire Social Tunisien

 Aout 2017

Le mois dernier a été dominé par une vague de feux qui comprenait plusieurs gouvernorats en Tunisie. Les incendies de ce mois-ci comprenaient huit gouvernorats, principalement dans le nord-ouest et le centre-ouest, plus de cinq mille hectares de forêts et zones agricoles sachant que la moyenne annuelle varie autour de 1 400 ha. L’année dernière n’a pas dépassé ce seuil alors que l’année précédente les incendies ont été au delà de la moyenne générale.

La problématique est que, cette année, les incendies ont atteint des chiffres record et ont conduit à des dégâts humains avec des répercussions très importantes et négatives sur le système environnemental, économique et social.

La situation a été décrite, en premier, par divers médias et à travers les lectures de nombreuses autorités responsables ainsi que des positions de fonctionnaires au sommet de la pyramide du pouvoir pour confirmer que les feux ont été provoqué et que certains suspects ont été arrêtés pour accuser, ensuite, certaines parties comme les ouvriers de chantiers.

 Les attitudes et les opinions se sont chevauchées autour du dossier et le résultat fut que les feux reconnus comme provoqués et l’intention des pouvoirs spécialisés à révéler toute la vérité et à poursuivre les coupables.

Il n’est pas normal que la taille des feux atteigne presque l’ampleur de la catastrophe et que les plus touchés soient les 11% des Tunisiens classés sous la ligne rouge de la pauvreté.

 les victimes sont ceux qui vivent à l’ombre et à l’extérieur de tous les domaines d’information et d’accompagnement , Les conflits sociaux, la pauvreté courante et la misère vivante au quotidien, les catastrophes naturelles, les pluies torrentielles, la neige, la sécheresse, les feux … et de nombreux exemples loin des regards, des partis politiques et dans les cas extrêmes l’attention circonstancielle de certains médias.  Les franges sociales, victimes étaient celles que les incendies ont détruits leur source de gagne pain, d’espoir et de pérennité.

On a annoncé que l’incendie était un acte provoqué et nous attendons les résultats des enquêtes, d’autant plus que le gouvernement s’engage dans une politique de lutte déclarée, féroce et totale contre la corruption et le népotisme mais le dossier fut clos rapidement avec le contrôle du feu et la fin des incendies.

Les autorités officielles n’ont pas fourni les informations minimales sur les parties impliquées dans les incendies et tous ceux qui bénéficient des incendies et la taille des pertes individuelles, collectives, communautaires, économiques et environnementales de ces feux.

Il semble que le dossier ait été clos sans raisons apparentes. Les autorités officielles ont clôturé le dossier d’une manière qui soulève de nombreuses questions importantes et dangereuses à son sujet.

 Sans entrer dans les détails du dossier, ce qui est important pour nous, c’est que les répercussions sociales des incendies qui ont eu lieu en Tunisie au cours de cet été toucheront les huit gouvernorats compte tenu de la carte des manifestations sociales collectives que nous surveillons quotidiennement.

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OST: Rapport juillet 2017

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